Faire de l’hypnose en respectant le consentement, c’est possible ?

Franchement, je comprends la question.
Quand on pense à l’hypnose, beaucoup imaginent d’abord des spectacles où des personnes finissent à faire la poule devant des milliers de spectateurs et spectatrices. Même si elles ont « accepté » de monter sur scène, cela ne veut pas dire qu’elles ont dit oui à tout.
Et avec 4000 paires d’yeux braquées sur soi et un hypnotiseur charismatique en face… dire non devient très compliqué. La pression sociale est immense.

Difficile aussi d’oublier les origines troubles de l’hypnose moderne.
On pense, par exemple, au Dr Charcot, qui déclenchait des crises chez ses patientes, sous hypnose, devant des amphithéâtres pleins d’étudiants. Oui, principalement des jeunes femmes, et non, ce n’est pas anodin.

Tous ces modèles ont laissé une empreinte. Plus au moins claire.

Et on peut rajouter à ça, ce qu’on appelle le biais d’autorité. C’est un réflexe mental qui nous pousse à faire confiance à une figure perçue comme experte, sans toujours questionner. On peut se retrouver à remettre inconsciemment les clés à « celui qui sait ».. Et personne n’est à l’abri de ce biais cognitif ( moi non plus).

Alors, comment pratiquer l’hypnose autrement ?
Comment respecter le consentement dans un cadre aussi intime ?

  • D’abord, on explique.
    Clarifier le déroulement de la séance, à quoi s’attendre, comment ça fonctionne. Rien n’est « mystique » ou secret.
  • On prend le temps.
    Un vrai temps d’échange pour poser ses questions, exprimer ses doutes, explorer ses craintes.
    L’hypnose peut impressionner, c’est normal. Observer comment le corps réagit (crispations, rougeurs, mouvements dans le fauteuil…) permet d’ajuster en douceur.
  • On accueille ce qui freine.
    Les hésitations, les blocages ne sont pas des résistances à vaincre. Ce sont souvent des besoins de sécurité qui demandent à être écoutés. On ne force rien.
  • On co-construit.
    C’est une démarche à deux. La parole de la personne compte. Ses ressentis sont des signaux précieux. On explore ensemble. Et plus on comprend ce qui se passe en soi, plus on peut le nommer et se l’approprier.
  • Et enfin… on respecte le « non ».
    Un non clair, ou un oui flou, c’est un non.
    Le consentement n’est jamais acquis une fois pour toutes : il est révocable à tout moment.C’est la base.

Bref : oui, l’hypnose peut rimer avec sécurité, respect et liberté intérieure.

Anne BEAUPUY

Hypnothérapeute

Gestion du stress et des émotions